Du CECRL à l’analyse factorielle des examens : pourquoi et comment innover dans les pratiques évaluatives ?

En 2001, le Cadre européen commun de référence pour les langues innovait en didactique en prônant le passage d’une évaluation plutôt aléatoire à une évaluation par compétences. Or, malgré les instruments de mesure élaborés et les efforts pour mettre en adéquation sujets DELF DALF et CECRL, l’écart s’est creusé au fil du temps entre la réalité des examens et l’esprit du Cadre.
D’une part, la large gamme de descripteurs du CECRL, incontournable pour tout concepteur de sujets, pose problème. Inversement, un descripteur mal défini risque d’affecter la pertinence de l’évaluation : ainsi pour le Monologue suivi (production orale C2), le concepteur doit préciser lui-même le contenu du descripteur et se fonder sur une docimologie empirique.
De plus, en face de descripteurs inchangés depuis 2001, le contenu linguistique des tests a nettement évolué. Le Tableau 1 du CECRL assigne à l’apprenant niveau B2 la maîtrise d’un lexique si spécifique que les premières sessions en Grèce (2005 et 2006) présentent un corpus lexical excessivement riche même pour un locuteur natif cultivé. Cette relation initialement étroite entre CECRL et tests proposés va se distendre dans les sessions suivantes : des textes moins spécialisés et éclairés de surcroît par une série de synonymes, remettent de facto en cause les descripteurs.
Enfin, l’analyse factorielle des examens dans le CECRL permet, comme dans les items de reformulation, de pointer, bien que de façon purement théorique, fautes de langue, contre-sens potentiels du candidat et leur niveau de gravité ; or, la trame fournie, imprécise, exclut toute notation équitable. De plus, dans le corrigé-type du CIEP, l’instruction « Accepter toute réponse ressemblant à … », ouvre la voie à une appréciation subjective donc inacceptable.
Ceci posé, nul ne croit naïvement à la neutralité absolue de l’examinateur. Toutefois, le recours à la docimologie – largement méconnue – apporterait, sans être une panacée, davantage d’objectivité, à condition qu’une harmonisation poussée réduise le fossé entre évaluer et noter, avec une correction ni mécanique ni subjective. Cette approche, officieuse mais inductive car fondée sur des conditions réelles d’examen, prélude à une nécessaire révision officielle du CECRL : revisiter, pour chaque niveau, les descripteurs des savoirs et compétences attendus, rénoverait le procès évaluatif, et partant, la méthodologie d’enseignement/apprentissage.