Dépasser les frontières géographiques et mentales grâce au tandem linguistique transfrontalier dans le Rhin supérieur
Chloé FAUCOMPRÉ, Pädagogische Hochschule Freiburg, Institut für Romanistik, Allemagne
Nina KULOVICS, NovaTris, Université de Haute Alsace de Mulhouse, France
Résumé
Depuis 2016, les cinq universités du réseau Eucor - Le Campus européen (les universités de Bâle, Strasbourg, Mulhouse, Fribourg-en-Brisgau et l’Institut de Technologie de Karlsruhe) disposent de fonds INTERREG [1], afin de renforcer la coopération transfrontalière en dépassant les frontières administratives, linguistiques et culturelles. Afin que ces objectifs puissent être atteints, un apprentissage réciproque mais aussi continu de la langue-culture du partenaire doit y être continuellement optimisé. Cependant, quelles représentations le personnel de ces universités a-t’il de la langue du partenaire et de son apprentissage ? Comment dépasser les frontières linguistiques et culturelles pour que les universités du réseau Eucor - Le Campus européen puissent coopérer de manière plus étroite et à différents niveaux ? Pour tenter de répondre à ces questions, NovaTris [2] a proposé une formation continue - « Communiquer dans la langue de l’Autre » - destinée au personnel des universités de ce réseau. A l’occasion de cette formation, nous avons choisi de transposer le principe du tandem linguistique (Brammerts, Helmling 2002) dans la formation pour adulte. Notre contribution propose une évaluation de notre premier cycle de recherche-action mise en place dans le but d’élaborer un concept de formation durable et effectif dans le cadre de la formation linguistique et interculturelle continue du personnel des universités Eucor - Le campus Européen.
Apprentissage interculturel - Coopération transfrontalière - Didactique des langues - Recherche-action - Représentations sociales des langues - Tandem linguistique
Abstract
Since 2016, the five universities of the Eucor network - The European campus (the universities of Basel, Strasbourg, Mulhouse, Freiburg im Breisgau and the Karlsruhe Institute of Technology) have INTERREG funds [3] at their disposal to strengthen cross-border cooperation across administrative, linguistic and cultural borders. In order to achieve these objectives, a reciprocal and continuous learning of the partner’s language-culture must be continuously optimized. However, what representations do the staff of these universities have about the partner’s language and learning ? How to overcome linguistic and cultural borders so that the universities of the Eucor network-The European campus can cooperate more closely and at different levels ? In an attempt to answer these questions, NovaTris [4] offered a continuing education course - « Communicating in the Language of the Other » - for university staff from the Eucor network. During this training, we chose to transpose the principle of tandem language learning (Brammerts, Helmling 2002) into adult training. Our contribution proposes an evaluation of the first cycle our action-research carried out with the aim of developing a sustainable and effective training concept as part of the ongoing linguistic and intercultural training of Eucor university s
Action-research - Cross-border cooperation - Intercultural learning - Language teaching - Social representation of languages - Tandem language learning
Introduction
L’étude que nous présentons ici se déroule dans la région transfrontalière du Rhin supérieur [5]. Une des caractéristiques de cette région est l’institutionnalisation de sa coopération transfrontalière dans différents domaines de la vie publique à travers des organismes comme la Conférence franco-germano-suisse, ainsi que d’instruments de coopération comme les groupements européens de coopération transfrontalière territoriale (GECT) (Hamman, 2011, p. 21-22). Le fonctionnement majoritairement top-down de cette coopération n’exclut pas non plus les initiatives bottom-up, donnant la possibilité aux citoyens de participer activement à cette volonté de cohésion interrégionale. Cette coopération permet donc des interactions réciproques entre les individus de part et d’autre du Rhin, donnant ainsi à la région du Rhin supérieur un aspect d’interface où les individus sont amenés à agir les uns avec les autres dans la poursuite d’objectifs communs. La communication linguistique et culturelle se retrouve donc au cœur de la coopération, ce qui signifie que la maîtrise de la langue-culture de son voisin est à considérer tout particulièrement. Si les espaces frontaliers jouissent d’une situation à priori idéale pour l’enseignement/apprentissage de la langue-culture de ses voisins en raison d’une proximité immédiate avec celle-ci (Bufe, 2008), la barrière linguistique reste malgré tout une réalité avec le constat d’un certain « recul du bilinguisme » venant affaiblir la coopération transfrontalière du Rhin supérieur (Conférence franco-germano-suisse du Rhin supérieur, 2013, p. 1).
Face à cette réalité, l’apprentissage de la langue du voisin doit être reconsidéré, afin de répondre aux exigences, mais aussi au besoin du contexte dans lequel celui-ci est dispensé (Faucompré, 2018a). Dans l’objectif de répondre à ce besoin au niveau du personnel des universités du réseau Eucor - Le Campus européen, amenés de fait à coopérer, nous avons choisi d’envisager la coopération jusque dans l’apprentissage de la langue de l’Autre en ayant recours à la méthode du tandem linguistique dans la formation linguistique proposée à ce personnel. Afin de mieux comprendre les spécificités et enjeux de notre étude, nous nous attarderons dans un premier temps sur les caractéristiques du réseau Eucor - Le Campus européen, ainsi que sur les raisons du choix de la méthode tandem dans la formation linguistique et interculturelle du personnel universitaire du Rhin supérieur. Puis, nous interrogerons le cadre théorique sur lequel s’appuie notre recherche, à savoir les principes de la méthode tandem, l’approche didactique transfrontalière et les représentations sociales des langues. Enfin, après avoir explicité notre démarche méthodologique privilégiée pour notre étude, nous présenterons les principaux résultats tirés d’entretiens individuels semi-directifs avec les participants à la première édition de la formation Eucor « Communiquer dans la langue de l’Autre ».
1. La coopération transfrontalière et l’apprentissage de la langue du partenaire
Mulhouse, ville dans laquelle la formation « Communiquer dans la langue de l’Autre » a débuté, est une ville alsacienne transfrontalière, située tout près de la Suisse et de l’Allemagne, avec lesquelles elle entretient des liens historiques, linguistiques et culturels, apparaissant ainsi comme un carrefour propice à la coopération transfrontalière à différents niveaux (Koukoutsaki-Monnier, 2011). À cet effet, NovaTris, le Centre de compétences transfrontalières de l’Université de Haute Alsace de Mulhouse, a pour objectif de développer des méthodes innovantes dans un contexte transfrontalier. Il a ainsi osé penser autrement l’apprentissage des langues dans ce contexte particulier, en implémentant l’enseignement interculturel et l’apprentissage des langues par le tandem linguistique, avec le soutien et l’expertise de l’Institut Goethe et de l’Université de Bochum.
1.1. Les caractéristiques du réseau Eucor - Le campus européen
Eucor - Le Campus européen est un groupement trinational de cinq universités du Rhin Supérieur, région transfrontalière réunissant une partie de l’Allemagne, de la France et de la Suisse.
Ses membres sont les universités de Bâle, Fribourg-en-Brisgau, Haute-Alsace, Strasbourg et le Karlsruher Institut für Technologie (KIT).
En 2015, les cinq universités ont créé une entité juridique dédiée sous la forme d’un groupement européen de coopération territoriale (GECT). Cela signifie que les universités conservent leur autonomie tout en ayant la possibilité d’agir ensemble de manière plus ciblée sous le nom « Eucor - Le Campus européen ». En tant que premier GECT porté exclusivement par des universités, ce campus européen est un projet modèle et unique dans l’espace européen de la recherche. Il est par ailleurs en passe de devenir une université européenne. Pour les étudiants, comme pour les chercheurs, la mobilité transfrontalière doit devenir une expérience quotidienne. À cette fin, les universités membres unissent leurs différentes compétences et ressources. Des structures communes sans mur ni frontière, une gouvernance et une stratégie commune en matière de recherche et de formation bi- et trinationales en constituent le fondement [6].
1.2. Vers un apprentissage auto-dirigé : le tandem linguistique à l’Université de Haute Alsace : une méthode, différentes formes
Le tandem linguistique tutoré est proposé depuis 2011 au sein de l’Université de Haute-Alsace (UHA) avec le soutien de NovaTris, aux étudiants de plusieurs cursus intégrés transfrontaliers entre l’UHA et les universités de Fribourg-en-Brisgau. Il s’agit des doubles cursus suivants :
– les futurs chimistes franco-allemands Regio Chimica depuis 2010 ;
– le Cursus Intégré pour la Formation Transfrontalière des enseignants en école primaire CIFTE depuis 1999 ;
– les futurs informaticiens franco-allemands Regio Informatica depuis 2017 ;
– l’accompagnement linguistique par le bureau tandem depuis 2013 ;
– l’accompagnement linguistique dans le cadre de l’école d’été franco-suisse-allemande Die Brücke [7], en coopération avec Alsace Tech et TriRhenaTech depuis 2014 ;
– la formation des formateurs/formatrices du tandem linguistique tutoré dans l’enseignement secondaire et supérieur depuis 2015 ;
– la formation continue « Communiquer dans la langue de l’Autre » proposée au personnel des universités du réseau EUCOR depuis 2017.
Dans le cadre de l’innovation pédagogique dans l’enseignement des langues, NovaTris a invité Brigitte Helmling de l’Institut Goethe en 2011 et 2012 afin de former dix enseignants de l’UHA à la pédagogie tandem et au tutorat de l’apprentissage auto-dirigé. Dans un second moment, les futurs tuteurs ont également été formés par les experts de la méthode tandem de l’Université de Bochum (Allemagne) et de l’Université de Vienne (Autriche).
1.3. La formation « Communiquer dans la langue de l’Autre » comme réponse aux enjeux de la coopération transfrontalière
Dans le cadre d’Eucor - Le Campus européen et de l’innovation dans l’enseignement des langues, NovaTris a proposé, en partenariat avec le CLAM de l’Université de Haute-Alsace (Certifications et Langues par Apprentissage Multimédia) et l’École de Langues (SLI) de l’Université de Fribourg-en-Brisgau, une première formation ayant pour objectif de mieux communiquer dans la langue de l’Autre, à savoir le voisin suisse, français ou allemand. Cette formation a eu lieu en deux temps : la première session en octobre 2017 à l’Université de Haute-Alsace (UHA) à Mulhouse et la seconde en février 2018 à l’Université de Fribourg-en-Brisgau.
La formation s’adressait en priorité aux personnels des universités du réseau Eucor - Le Campus européen (administratifs, enseignants, chercheurs). Le groupe était composé à 50% de personnes de langue maternelle allemande et à 50% de personnes de langue maternelle française afin de faciliter l’interaction dans les deux langues. Les objectifs de cette première formation linguistique pour le personnel d’Eucor - Le campus européen étaient les suivants :
– améliorer sa capacité à communiquer à l’écrit et à l’oral dans la langue de l’Autre ;
– développer son aisance et sa confiance en expression orale ;
– mieux appréhender le contexte transfrontalier et les situations interculturelles inhérentes à celui-ci ;
– favoriser la rencontre entre collaborateurs d’Eucor - Le Campus européen et créer des réseaux transfrontaliers.
Le programme s’est basé sur différentes modalités pédagogiques par différentes approches : sensibilisation et accompagnement interculturels, autoformation accompagnée en langue, atelier théâtre-langue, et tandem tutoré. Entre les différentes sessions, un dispositif de tandem tutoré à distance a complété la formation.
En raison du grand succès de la première édition, une deuxième formation « Communiquer dans la langue de l’Autre » a été proposée en novembre 2018 à l’UHA en coopération cette fois-ci avec les universités Eucor de Karlsruhe et de Bâle.
2. La méthode tandem dans un contexte transfrontalier
2.1. Les principes de la méthode tandem
La méthode tandem, telle que l’entendent Helmling et Brammerts (2002), repose sur les principes de réciprocité et d’autonomie (Brammerts, 2002, p. 21-24), mais aussi sur la responsabilité (de ses propres progrès ainsi que de ceux de son partenaire par la co-responsabilité) et la réflexivité. Elle se réalise notamment dans un contexte d’interaction entre deux locuteurs natifs appartenant à deux communautés de langues maternelles différentes qui travaillent ensemble dans le but d’apprendre mutuellement la langue de l’Autre, de faire sa connaissance et de découvrir leurs cultures respectives à travers une communication orale ou écrite authentique. Les partenaires agissent en tant qu’experts de leur langue maternelle et de leur propre culture et en tant qu’apprenants de la langue-culture cible. Les échanges en tandem ou tridem sont accompagnées par des tuteurs, un rôle qui diffère du rôle traditionnel de celui de l’enseignant de langue. Les tuteurs proposent une initiation à la méthode tandem et à l’apprentissage en autonomie : les avantages et conditions nécessaires pour un tel type d’apprentissage, des conseils méthodologiques comme la correction des erreurs, la présentation des outils de travail, la délimitation des objectifs d’apprentissage avec ses partenaires tandem/tridem, ainsi que la présentation des outils pour mener à bien un apprentissage auto-dirigé comme le carnet de bord, le contrat d’apprentissage, le bilan de réflexion semestriel, etc.
La question des compétences développées lors de la pratique du tandem linguistique a déjà fait l’objet de nombreux travaux autour du développement des compétences d’apprentissage, linguistiques et (inter)culturelles, nous ne nous étendrons donc pas davantage sur ce sujet. Nous souhaiterions cependant citer quelques retours des étudiants du cursus binational Regio Chimica nous paraissant importants à considérer dans la définition de la méthode tandem :
Lucas : En conclusion, je trouve que le tandem est un plutôt bon moyen d’apprentissage, permettant d’apprendre à son propre rythme une langue et de découvrir une culture, tout en développant son autonomie. Couplé avec un contact régulier avec un professeur qui comblerait les lacunes du locuteur natif (théorie, organisation du cours et des documents, exemples, etc.), cela formerait une méthode complète.
Victoria : En apprenant en tandem, j’ai réappris à aimer ma langue maternelle.
Lucas : On fait des fautes (beaucoup) et puis c’est tout, puis on réessaye, on refait des fautes, et petit à petit, on se rend compte que de moins en moins de choses nous posent problèmes.
Hugo : Le tandem m’a permis de prendre confiance, de plus prendre la parole dans une langue étrangère, utiliser le vocabulaire appris, apprendre de nouvelles choses.
2.2. L’acquisition d’une compétence transfrontalière grâce au tandem linguistique
Si certaines études se sont penchées sur les caractéristiques de l’enseignement des langues en région frontalière (Breugnot, 2007 ; Geiger-Jaillet, 2007 et 2010 ; Kuri, 2008 ; Putsche, 2011 et 2016), d’autres se sont intéressées à la modélisation théorique de ce à quoi pourrait correspondre une approche didactique transfrontalière dans l’enseignement/apprentissage de la langue du voisin (Cavaion, 2015 ; Faucompré, 2018b ; Raasch, 2005 et 2008a).
Cette approche, directement inspirée des travaux de Raasch, cités précédemment, que Faucompré (2018b) nomme « Allemand Langue du Voisin / Französisch als Sprache des Nachbarn », s’appuie sur la prise en compte du contexte transfrontalier dans l’apprentissage de la langue du voisin, dans l’objectif de faire acquérir aux apprenants une compétence de communication dite « transfrontalière », leur permettant d’agir et interagir avec le voisin dans le contexte géographique en question. En effet, envisager l’apprentissage de la langue dans sa dimension transfrontalière permet de contribuer à la cohésion entre les individus, puisque « [...] über Sprache können die Menschen mit den anderen, den Nachbarn, auch eine Gemeinschaft gestalten, man kann mit den anderen „intra muros“ wohnen, eine neue Gemeinschaft bilden, eben eine sprachlich-kulturelle Gemeinschaft » [8] (Raasch, 2008b, p. 9).
Dans le modèle théorique proposé par Faucompré (2018b), nous retrouvons différentes compétences à atteindre tout au long de l’apprentissage de la langue contribuant à l’acquisition de cette compétence de communication transfrontalière qui en serait l’étape ultime. Parmi les différentes compétences, nous retrouvons, entre autres, la compétence co-culturelle que Puren (2014, p. 24) définit comme le fait « d’adopter et/ou se créer une culture d’action partagée (« co-culture »). » C’est justement celle-ci qui aura retenu notre attention dans la conceptualisation de notre formation « Communiquer dans la langue de l’Autre », puisqu’elle permet d’envisager l’apprentissage dans sa dimension collaborative : faire avec l’Autre dans la poursuite d’un objectif commun. Ainsi, la méthode tandem permet en partie de mettre en œuvre cette approche didactique transfrontalière en s’appuyant sur le caractère résolument collaboratif de celle-ci. En effet, si les participants à la formation apprennent à coopérer dès l’apprentissage de la langue-culture du voisin, il leur sera ensuite plus aisé, de coopérer au niveau professionnel.
2.3. L’impact des représentations sociales
Un autre concept théorique qui mérite notre attention est celui des représentations. Puisant ses origines dans le domaine de la psychologie sociale, et plus précisément dans les travaux de Moscovici (1961) et Jodelet (1989) pour n’en citer que quelques-uns, celui-ci se définit comme étant un phénomène cognitif intersubjectif permettant de « s’y [l’environnement social] ajuster, s’y conduire, le maîtriser physiquement ou intellectuellement, identifier et résoudre les problèmes qu’il pose » (Jodelet, 1989/1991, p. 31). Il s’agit donc d’une opération cognitive permettant de catégoriser le réel, afin de pouvoir et savoir agir.
Ce concept nous intéresse particulièrement dans notre travail, puisqu’il nous permet d’envisager les représentations des participants à la formation comme une véritable grille de lecture, nous donnant ainsi la possibilité de saisir les tenants et aboutissants de la formation à travers les dires des participants. Autrement dit, elles nous servent d’indicateur sur ce que pensent les participants de leur apprentissage de la langue en tant que tel, mais aussi sur ce qu’ils pensent du voisin, de sa langue-culture et du contexte dans lequel ils travaillent. De plus, dans un contexte transfrontalier comme celui de notre étude, où le contact avec l’Autre est presque quotidien, il est fort probable que les participants aient des représentations bien précises influencées par cette confrontation constante à un niveau à la fois professionnel et privé.
En didactique des langues, nous parlons dans ce cas de « représentations sociales des langues » (Moore, 2001), considérées comme ayant une influence directe sur le processus d’apprentissage d’une langue : « Certaines études décèlent une corrélation forte entre l’image qu’un apprenant s’est forgé d’un pays et les représentations qu’il construit à propos de son propre apprentissage de la langue de ce pays » (Castellotti et Moore, 2002, p. 11).
Ainsi, nous sommes d’avis que la prise en compte des représentations des participants constitue un moyen optimal de comprendre les rapports qu’ils entretiennent avec la langue-culture du voisin, nous permettant par la suite de pouvoir ajuster la formation en fonction de ce qui émergera des résultats.
3. Une recherche-action qualitative
3.1. Caractéristiques de la démarche méthodologique
Tout d’abord nous tenons à préciser que nous nous plaçons dans une dimension compréhensive, c’est-à-dire dans une approche supposant « la possibilité qu’a tout homme de pénétrer le vécu et le ressenti d’un autre homme ». (Paillé et Mucchielli, 2016, p. 42). Ainsi, par l’étude des représentations des participants sur l’apprentissage de la langue du voisin par la méthode tandem en contexte transfrontalier, nous nous intéressons à un phénomène humain et social en cherchant « à comprendre comment les acteurs pensent, parlent et agissent […] en rapport avec un contexte ou une situation » (Dumez, 2011, p. 48), ceci nous inscrivant de fait dans un paradigme de recherche qualitatif.
La démarche méthodologique privilégiée pour notre étude est la recherche-action. Nous procédons de manière cyclique, avec réajustement constant et nous proposons d’agir dans un contexte bien particulier. Ceci dans l’objectif de proposer un changement (une formation linguistique qui tiendrait compte des besoins du personnel Eucor) suite à la constatation d’un dysfonctionnement (le recul du bilinguisme mettant en danger la coopération transfrontalière) (Richer, 2011, p. 49).
Notre rôle dans cette étude est donc double, nous sommes à la fois les chercheuses et les enseignantes, puisque nous sommes responsables de l’accompagnement au tandem linguistique dans le cadre de la formation.
3.2. Cohorte, terrain et déroulement
Nous avons donc mené notre étude dans le cadre de formation Eucor « Communiquer dans la langue de l’Autre » dispensée par NovaTris lors d’une première session à l’Université de Haute de Mulhouse et une seconde à l’Université de Fribourg-en-Brisgau.
La cohorte était constituée des 16 participants à la formation, dont cinq de l’Université de Freiburg (un enseignant-chercheur et quatre membres du personnel administratif), neuf de l’Université de Mulhouse (quatre membres de NovaTris, deux enseignants-chercheurs, deux doctorantes et une technicienne multimédia) et deux de l’Université de Strasbourg (une chargée de mission service civique et un enseignant-chercheur). Les universités de Karlsruhe et de Bâle n’étaient donc pas représentées. Chacun des participants possédait au minimum le niveau A2 du CECR dans la langue du voisin.
Le recueil de données s’est déroulé en deux temps : à la fin de la première session de la formation à l’aide de questionnaires semi-ouverts, puis quelques semaines après la deuxième session, sous forme d’entretiens individuels semi-directifs.
Dans ce présent article, nous présenterons uniquement les résultats provenant des entretiens individuels semi-directifs que nous avons menés dans l’objectif d’évaluer cette première édition de la formation, puisque celle-ci devrait avoir de nouveau lieu.
Voici la représentation schématique de notre démarche méthodologique, la flèche indiquant le moment où nous nous situons dans notre processus de recherche :
Figure 1 - Représentation des cycles de la recherche-action
Puisque nous nous intéressons à l’analyse des représentations des participants, nous avons donc eu recours à l’analyse de contenu thématique dont l’objet est le discours produit par ces derniers, afin d’obtenir une compréhension en profondeur de notre terrain :
Le but de l’analyse thématique comme méthode d’analyse de contenu est de repérer les unités sémantiques qui constituent l’univers discursif de l’énoncé. Dans ces conditions, il s’agit de produire une reformulation du contenu de l’énoncé sous une forme condensée et formelle. Pour réaliser cette tâche, on procède en deux étapes : le repérage des idées significatives et leur catégorisation (Negura, 2006, p. 5).
Avec l’analyse de contenu nous ne cherchons pas à mesurer la fréquence de thèmes plutôt que d’autres, mais bien de mettre en évidence l’importance sémantique de certains énoncés par rapport au contexte qui nous occupe.
4. Principaux résultats de l’étude
Les extraits qui seront présentés dans ce chapitre proviennent des entretiens individuels semi-directifs. Seuls ceux considérés comme les plus pertinents ont été retenus.
4.1. La rencontre avec l’Autre : une initiative d’abord personnelle
VPM2 : Justement moi, c’était le rapprochement d’Eucor, comme j’avais pas eu l’occasion encore de participer à ce genre de réunion, là c’était l’opportunité, voilà, de rencontrer les autres centres de ressources en langues, les autres membres des universités, voir ce qui se faisait dans d’autres services, ailleurs.
CS : Plus pour des raisons personnelles que professionnelles. Personnelles, parce que bon, comme je vis en Allemagne, que j’apprends l’allemand, je trouvais que c’était une très bonne occasion en plus [...]. Il y avait des choses que je connaissais plus personnelles, par des clichés, donc discuter vraiment avec des gens, je trouvais ça super intéressant et comme cette formation, je l’ai faite à titre personnel, j’ai tout payé de ma poche.
VPF3 : Also erstens mal wollte ich gerne einen Einblick gewinnen auch in diese Tandemmethode, weil, ja, unsere Studierenden dieses Unterrichtsfach auch haben und das fand ich ganz spannend, das einmal selbst zu erleben und zu wissen, wie es unseren Studierenden ergeht […] [9].
À la lecture de ces trois extraits, nous constatons des motivations à la fois personnelles et professionnelles, bien que chaque citation nous révèle une initiative principalement individuelle, non portée par une dynamique collective d’un même service.
Concernant les motivations professionnelles, nous observons une certaine volonté chez VPM2 de se rapprocher de ses collègues suisses et allemands afin de découvrir d’autres systèmes universitaires en lien avec son propre travail. Le fait que le personnel exprime un désir de contact peut-être plus intensif pour mieux connaître l’environnement de travail des partenaires du réseau nous laisse penser que l’offre de formation au sein du réseau Eucor - Le Campus européen permet, certes, de susciter la curiosité du personnel, mais qu’elle ne reste qu’occasionnelle. Ainsi, la rencontre et les échanges sont possibles, mais ne semblent pas être systématiques, ni forcément soutenus par tous les services. C’est d’ailleurs ce que nous apprend CS qui nous indique s’être intéressé à la formation dans une dimension uniquement privée, car les frais liés à sa participation à la formation n’ont pas été pris en charge. Selon nous, cela révèle une légère incohérence sur la volonté politique des universités partenaires de permettre à chaque membre du personnel de se former dans la langue-culture du voisin. En effet, nous avons pourtant vu plus haut que la maîtrise de la langue-culture de ses partenaires constituait une base fondamentale au développement et au bon fonctionnement de la coopération transfrontalière. De plus, CS nous dit que ce qu’il savait jusqu’à présent de ses voisins se basait essentiellement sur des clichés, bien qu’habitant en Allemagne. Cela nous renvoie à ce phénomène, selon lequel les individus de région transfrontalière se côtoient au quotidien sans pour autant interagir l’un avec l’autre (Ahrberg, 2004) et n’empêchant pas la fossilisation ou l’apparition de stéréotypes, au contraire.
Le dernier extrait montre justement un autre aspect pertinent de la formation proposée puisqu’elle donne l’occasion à VPF3 d’expérimenter une méthode dont ses étudiants profitent dans leur propre apprentissage de langue-culture du voisin. Ce qui lui permet de mieux comprendre le processus qu’ils vivent et peut-être pouvoir proposer par la suite un meilleur encadrement de ceux-ci dans ce contexte transfrontalier.
4.2. Le tandem linguistique au sein d’Eucor : un moyen de se décentrer
VPM2 : Euh ben moi, disons c’est une langue qui me semble quand même assez familière puisque mes parents parlent le dialecte alsacien donc, euh moi, c’est une langue où je me sens plutôt à l’aise, ça me fait pas peur d’avoir à l’utiliser ou à côtoyer des gens qui parlent que l’allemand […] en fait il y a quand même des similitudes et les gens maintenant, que ce soit d’un côté de ou de l’autre de la frontière de toute façon, on est tellement issu de partout, on est tellement habitué à vivre de la même manière que finalement je trouve que les différences ont tendance à s’effacer.
CM : Finalement, maintenant, le fait de voir un peu plus le système universitaire allemand, je comprends un petit peu, […] Je pense que peut-être cette prise de risque parfois permet le côté un peu innovant, c’est peut-être plus dans la logique française que dans la logique allemande, qui est peut-être pas plus réfléchie, mais plus construite parfois que la démarche française.
VPM4 : […] relativement positif à part peut-être sur le projet durabilité où il est un peu compliqué de travailler avec les Suisses, contrairement au projet SERIOR où les contacts qu’on a sont très présents. Mais je ne pense pas que cela soit lié au fait qu’ils soient Suisses ou Allemands, c’est lié aux personnes.
Le premier extrait met en avant l’influence de la biographie langagière de l’individu sur ses représentations de la langue du voisin. Pour VPM2, il s’agit d’une langue familière en raison de la proximité de la langue du voisin avec celle que parlent ses parents. Il s’agit donc d’une proximité linguistique induite par la proximité géographique. Nous pouvons donc penser que pour une personne comme VPM2, le voisin ne représente pas l’inconnu, mais plutôt quelqu’un de confiance. Les expériences et le vécu individuel induisent des représentations positives ou négatives de la langue de l’Autre et de ses locuteurs, ainsi il nous paraît primordial, dans une formation comme celle que nous prenons pour objet d’étude, de laisser une place à la thématisation des représentations. D’autant plus dans un espace transfrontalier où celles-ci peuvent venir altérer les expériences de coopération. La seconde partie de ce premier extrait nous interpelle car, contrairement aux deux suivants, VPM2 dépasse la vision binaire (moi/eux), mais perçoit l’espace transfrontalier comme une interface réunissant des gens avant tout similaires les uns aux autres.
Les deux autres extraits véhiculent, d’après nous, une idée similaire, selon laquelle la confrontation étroite avec la langue-culture de son voisin dans le cadre d’Eucor - Le Campus européen d’une part, et à travers le tandem d’autre part, permet de vivre l’interculturalité et de prendre du recul par rapport à ses représentations en réalisant une forme de décentration par rapport à sa culture d’origine. VPM4 précise d’ailleurs dans son discours que les éventuels problèmes de coopération au sein de cet espace transfrontalier sont avant tout liés aux personnalités de chacun et non aux nationalités.
Les relations jusqu’ici strictement professionnelles avec le voisin cristallisent les représentations des individus et ce n’est qu’en proposant des échanges plus personnels et intensifs que celles-ci peuvent être conscientisées et remises en question afin, dans un moment ultérieur, de faciliter la coopération transfrontalière.
4.3. Le tandem linguistique : un moyen d’apprendre à coopérer
VPF1 : Es hat mir schon geholfen, auf jeden Fall wieder mich auch auf den Weg zu machen und dass ich mich da jetzt wieder mehr da reinbegebe, dass ich dann jetzt auch selber wieder öfters nach Frankreich rüberfahre, um das dann weiter auf dem Laufenden zu halten oder auch dann eben, ich bin jetzt erst wieder vor der Karambolage gesessen und hab gedacht ok, das hat sich ja auch schon wieder verändert, jetzt muss ich das erstmal wieder herausfinden. [10]
CS : [...] je vois que c’est super important quand on travaille de manière très proche avec quelqu’un qui est en Allemagne, ou en France si on est Allemand et de voir comment les gens fonctionnent un petit peu pour éviter les problèmes qui n’en sont pas […]. J’ai trouvé surtout tous les échanges très fertiles […], c’était presque un échange de pen friends […].
VPM3 : Et puis finalement, ça rejoint les compétences interculturelles [...], c’est laisser parler les autres [...] donc tu apprends à, ok je laisse couler et s’il y a vraiment un truc qui me marque ben je le note et ça je pense que ça aide ailleurs, c’est transférable à mon avis en réunion par exemple, quelqu’un dit quelque chose, j’suis pas d’accord, mais je vais le laisser finir pour comprendre son raisonnement jusqu’au bout et je me note ma remarque.
Ce que nous apprend le premier extrait est que le contact avec le voisin dans le cadre professionnel ne concerne pas forcément chaque membre du personnel Eucor et que participer à cette formation permet de découvrir, voire de redécouvrir l’Autre et sa langue-culture, ainsi que de susciter une certaine envie d’intensifier les contacts avec le pays voisin. La proximité géographique et les partenariats mis en place ne sont donc pas forcément expérimentés par tous les individus. La formation linguistique et interculturelle par le tandem permet ainsi de faire un pas vers l’Autre et de se tenir au fait sur ce qui se passe juste de l’autre côté du Rhin.
Concernant l’extrait de l’interview menée avec CS, nous pouvons en déduire que l’aspect informel du tandem linguistique permet d’envisager ses collègues du réseau Eucor autrement. Là encore, nous pouvons constater que le contact intensif entre les participants qu’aura permis le tandem, permet de comprendre l’origine de malentendus vécus lors de réunions ou coopérations diverses et donc d’améliorer les futurs échanges. CS envisage ainsi cette formation comme une préparation idéale à la coopération transfrontalière plus étroite entre les individus.
Pour VPM3, l’expérience du tandem est pertinente en ce sens qu’elle permet d’acquérir certaines compétences de communication directement transférables au contexte professionnel transfrontalier dans lequel il évolue. Les compétences d’écoute et de tolérance sont en effet nécessaires au bon déroulement du tandem étant d’ailleurs contenues dans les principes régissant le tandem. En les mettant à l’épreuve dans le cadre de cette formation, VPM3 se sent ainsi mieux préparer à son quotidien professionnel en y ayant trouvé les clés d’une meilleure communication.
4.4. Le réseau Eucor : une vitrine politique plus qu’une réalité ?
CF : Ich nehme Eucor sehr wahr, insbesondere nachdem ich fünf Tage durch alle fünf Eucor Städte gefahren bin [Tour Eucor] und eine Vorstellung von allen Städten bekommen habe [...]. Also leite ich die Antwort ein mit : Kennst du Eucor ? Und Mitglieder von meiner Universität sagen meistens nein. […] Also ich verbinde zwar Eucor mit der Sprache der Anderen auf der anderen Seite des Oberrheins, aber das ist nicht repräsentativ für die Mitglieder meiner Uni. [11]
VPM3 : [...] tout le monde en fait partie de fait, parce que ça a été décidé, ça a été signé donc euh, Eucor, moi j’pense que c’est une belle idée, c’est aussi relativement nouveau [...] et le temps que ça se mette en place, encore une fois, la seule réalité c’est celle de la rencontre et pour ça, faut qu’Eucor se donne les moyens [...] si on avait l’opportunité de continuer, enfin de trouver les moyens de poursuivre ça, je sais que c’est difficile, mais si Eucor nous donnait les moyens d’exister […].
Les deux extraits présentés ici nous renseignent sur la représentation qu’ont les participants à la formation du réseau Eucor dans lequel chacun d’eux évolue professionnellement au quotidien.
CF nous indique que la majorité de ses collègues de son université ne sont pas sensibilisés à ce que Eucor représente et signifie. Nous nous posons donc la question de la visibilité des informations et dispositifs mis en place pour que CF nous livre une telle constatation. En effet, il affirme quant à lui comprendre et vivre le réseau Eucor à travers son initiative personnelle, c’est-à-dire en ayant, entre autres, participé au tour de vélo Eucor [12] ayant par ailleurs eu lieu après la formation que nous prenons pour objet d’étude. Vivre Eucor comme une interface professionnelle et privée relève donc bel et bien d’une initiative d’abord personnelle, peut-être accessible à tous, mais encore loin d’être une réalité pour tous. Nous pouvons relier ce qu’avance CF aux propos de Banse (2013, p. 141), selon qui, la coopération transfrontalière joue un rôle très limité dans le quotidien social des individus. Les propos de VPM3 viennent confirmer cette interprétation en avançant deux raisons : celle de la nouveauté de ce campus européen peut-être encore trop récent pour être intégré dans l’esprit des personnes concernées, ainsi que celle du manque d’investissement de moyens dans la rencontre entre les individus. Selon lui, l’accent devrait davantage être mis sur ce type de formations comme « Communiquer dans la langue de l’Autre » puisqu’elle semble en effet être la garante d’une coopération transfrontalière plus effective grâce à un rapprochement concret et authentique entre les individus.
5. Pour ne pas conclure
Ces entretiens individuels semi-directifs menés plusieurs semaines après la fin de la formation peuvent être considérés comme un moyen pour les participants d’adopter une posture réflexive par rapport à leur expérience du tandem, ainsi que par rapport à leur quotidien professionnel dans le cadre d’Eucor.
Ce que nous retenons de ces résultats est que la rencontre avec le voisin dans le cadre du tandem concrétise et intensifie celle-ci, donnant ainsi un nouvel élan à la coopération transfrontalière. En effet, les participants se sentent non seulement curieux et désireux d’en savoir plus, mais aussi plus compétents, pouvant désormais transférer les compétences interculturelles et linguistiques acquises lors de la formation dans leur contexte professionnel.
Si travailler au sein d’Eucor permet une ouverture indiscutable à l’Autre, le tandem linguistique transfrontalier dans l’apprentissage de la langue-culture de celui-ci permet, d’une part, de faire de ce réseau une réalité plus concrète pour le personnel et, d’autre part, une réelle décentration par rapport à leur propre langue-culture, et donc, un début certain d’acquisition de compétences inter- et co-culturelles.
Ainsi, il nous paraît désormais évident que la construction d’un campus européen se voulant sans frontière doit dépasser la simple volonté politique. Ce campus doit prendre racine, de manière durable, en proposant le tandem linguistique de manière systématique à tous les membres du personnel Eucor. Il constitue un moyen idéal de consolider la coopération transfrontalière à différents niveaux en amenant les individus à faire et savoir-faire avec l’Autre dans ce contexte particulier qu’est le Rhin supérieur.
Les besoins de formation continue du personnel en matière de communication est donc incontestable. Pour cela, nous travaillons désormais à partir de ces résultats sur l’élaboration d’un concept de formation adapté à la demande exprimée dans le cadre de ce travail. Affaire à suivre…
Notes
[1] INTERREG est un programme proposé par l’Union Européenne visant à soutenir la coopération transfrontalière grâce à l’attribution de financements communs (http://www.interreg-rhin-sup.eu/).
[2] Centre de compétences transfrontalières de l’Université de Haute Alsace de Mulhouse. NovaTris est une Initiative d’Excellence en Formation Innovante (IDEFI - référence : ANR-11-IDFI-0005), dans le cadre des Projets et Investissements d’Avenir (PIA) de l’Agence Nationale de la Recherche (http://www.novatris.uha.fr/).
[3] INTERREG est un programme proposé par l’Union Européenne visant à soutenir la coopération transfrontalière grâce à l’attribution de financements communs (http://www.interreg-rhin-sup.eu/).
[4] Centre de compétences transfrontalières de l’Université de Haute Alsace de Mulhouse. NovaTris est une Initiative d’Excellence en Formation Innovante (IDEFI - référence : ANR-11-IDFI-0005), dans le cadre des Projets et Investissements d’Avenir (PIA) de l’Agence Nationale de la Recherche (http://www.novatris.uha.fr/).
[5] Le Rhin supérieur englobe quatre territoires appartenant respectivement à la France, l’Allemagne et la Suisse : l’Alsace (Haut-Rhin et Bas-Rhin), l’extrême Sud de la région du Palatinat, le Pays de Bade et le nord-ouest de la Suisse (les cantons de Bâle-Ville).
[7] L’école d’été transfrontalière Die Brücke propose aux étudiants français, suisses et allemands d’améliorer leur niveau de langue par le tandem tutoré, de développer des compétences interculturelles et des échanges et projets en équipes mixtes pour des entreprises transfrontalières des trois pays. Elle est co-organisée par Alsace Tech (réseau des 14 grandes écoles d’ingénieurs, architecture, art, design et management d’Alsace, NovaTris et TriRhenaTech (l’alliance des grandes écoles en sciences appliquées du Rhin supérieur) à l’UHA (http://www.alsacetech.org/apprenez-lallemand-autrement/).
[8] Traduction : « […] Grâce à la langue, les individus ont aussi la possibilité de former une communauté avec les autres, leurs voisins, on peut vivre avec les autres « intra muros », former une nouvelle communauté, une communauté linguistique et culturelle ».
[9] Traduction : « Tout d’abord, je voulais aussi avoir un aperçu de cette méthode tandem, parce que nos étudiants ont aussi ce cours et j’ai trouvé ça très passionnant de l’expérimenter moi-même et de savoir comment ça se passe pour nos étudiants ».
[10] Traduction : « Cela m’a déjà aidé à repartir et à me remettre en route, à m’y remettre, à me rendre en France plus souvent pour me tenir au courant, et d’ailleurs j’ai de nouveau regardé Karambolage et je me suis dit que ça avait déjà changé, qu’il fallait maintenant que je redécouvre à nouveau ».
[11] Traduction : « Je connais très bien Eucor, surtout après cinq jours de route à travers les cinq villes Eucor [Tour Eucor] et après avoir eu une idée de chacune de ces villes [...]. Je vais donc vous présenter la réponse à la question : Vous connaissez Eucor ? À laquelle les membres de mon université répondent généralement non. [...] Je relie donc Eucor à la langue des autres, ceux de l’autre côté du Rhin, mais ce n’est pas représentatif de ce que pensent les membres de mon université ».
[12] Le Tour Eucor est un circuit à vélo s’étalant sur cinq jours à travers les différentes villes du Rhin supérieur. Tous les membres des universités partenaires du campus européen peuvent y participer (https://www.tour-eucor.org/fr/general/).
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