Les pratiques théâtrales en classe de langue : une approche interculturelle pour se connaître soi-même et découvrir l’Autre
Les pratiques d’inspiration théâtrale -héritage de l’approche communicative- ont bouleversé l’enseignement du Français Langue Étrangère en introduisant des jeux de rôles, des simulations, des improvisations ; activités bien insérées dans les manuels de langue aujourd’hui. Le Cadre Commun de Référence pour les Langues (2001) promouvant une perspective actionnelle envisage l’apprenant en tant qu’acteur social et propose des situations d’interaction « réelles » ou plutôt « réalistes » en essayant de contextualiser les apprentissages. L’apprenant devient ainsi acteur de son apprentissage, acteur pluriculturel capable d’agir et d’interagir avec autrui. Son objectif est d’accomplir des tâches qui ne sont pas seulement langagières mais qui requièrent son implication personnelle et supposent son autonomie.
Notre propos sera de montrer que l’intégration des pratiques théâtrales dans la classe de langue peut instaurer une pédagogique d’échange, de partage et de dialogue et transformer l’apprenant en un véritable acteur social. Outre les bénéfices liés au développement des compétences linguistiques, les pratiques théâtrales constituent un outil pédagogique permettant à l’apprenant de reconstruire son identité, s’affirmer, s’ouvrir aux autres. Comme Gisèle Pierra le souligne (2001:10) « le théâtre, dans son exigence fondamentale, est une singulière école de déconstruction-reconstruction du sujet ». L’hypothèse de notre travail se fonde sur l’idée que l’accès à la dramaturgie et à la culture françaises et francophones peut amener l’apprenant à réfléchir sur sa propre culture et identité et passer à la fois par une pleine conscience de soi et une orientation vers autrui.
La première partie de notre communication abordera les questions théoriques induites par le théâtre et la compétence interculturelle dans le cadre de l’enseignement du français langue étrangère.
Par la suite, nous analyserons des ateliers de théâtre adressés à un public d’étudiants arabophones de niveau B1 mis en place à l’Université Sorbonne Abu Dhabi et nous montrerons comment le travail de réécriture et de mise en scène leur permettait de se repositionner en soi et en direction de l’Autre. Ces ateliers commençaient toujours avec une lecture accompagnée d’une analyse et d’une interprétation des scènes de théâtre et continuaient avec une réécriture de ces dernières. Les étudiants étaient invités à les adapter à leur réalité personnelle en y insérant des éléments de leur culture et des mots de leur langue maternelle.
Enfin, ils mettaient leur texte en voix et jouaient la scène en respectant les didascalies.
Ces expérimentations nous ont permis de tirer des conclusions intéressantes à ce sujet. Elles nous ont montré que ces pratiques ont un effet libératoire permettant à l’individu de s’extérioriser et de s’épanouir et que le phénomène des inhibitions et de la déperdition de l’image de soi se résout progressivement grâce à un travail entre pairs.